Normalement, chaque personne de haut rang a une femme de chambre, et cette dernière reste à son service aussi longtemps que le veux son maître ou sa maîtresse. Pour Isilwen, c'était différent parce qu'elle coiffait et maquillait mieux que n'importe qui dans ce palais. Les courtisanes se l'arrachaient, elle avait beaucoup de travail parce qu'elles voulaient toutes rivaliser de beauté. Tout le monde ici connaissait son don, qui bien que peu développé, faisait d'elle la coqueluche de ces dames. Un papillon dans les cheveux de celle-ci, une broche sur la cape de celle-là... Comme si elles n'en avaient pas assez !
Il était à présent environ sept heures, elles étaient toutes au banquet du soir, et Isilwen regagnait sa chambre. Une petite chambre ronde d'à peine quelques mètres carrés, coincée sous le toit d'une jolie tourelle qui abritait les serviteurs. Elle avait vue sur toute la ville depuis le petit balcon de sa fenêtre.
Elle ne se sentait pas fatiguée, parce qu'elle avait l'habitude d'un rythme effréné imposé par ces dames qui n'en avaient jamais assez, et Isilwen venez-donc remettre ces boucles en places, et par ici, mon fard s'est effacé. Elle croisa une autre femme de chambre qui était odieuse avec elle et jalouse. Elles l'étaient toutes un peu, mais celle-ci ne se privait pas de le montrer.
- Alors, on a fini sa journée ? On est fatiguée ? On a les mains abîmées ? Oh ben non, pardon, c'est vrai qu'la soie des robes de ces dam'zelles ça doit pas bien écorcher. C'est pas comme de frotter les parquets, hein !
Isilwen l'ignora. Elle avait l'habitude. Au détour d'un couloir, un peu plus loin, un jeune homme d'une vingtaine d'années, un courtisan, lui fit de l'oeil. Elle le salua respectueusement et passa son chemin. Ça aussi, elle avait l'habitude. Elle avait entendu ce jeune homme, un jour, confier à un ami que, dommage qu'elle ne soit qu'une servante, parce que... et elle n'avait pas entendu la suite. Perdu dans ses pensées, elle ne vit pas le seau devant elle et le heurta. L'eau se déversa sur les dalles et elle n'eut d'autre choix que de prendre un tissu qui traînait à côté pour absorber l'eau.